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2020/03/25

Nos vies, pas leurs profits : Non à la reprise du travail à Airbus !

Filed under: Texte d'analyse — nantescoronavirus @ 19:45

Par CNT (Union Départementale des syndicats CNT de Haute-Garonne)

Camarades, travailleur·euses des FAL* toulousaines, Airbusiens, travailleur·euses des « partenaires » sous-traitants, intérimaires, stagiaires, les effets d’annonces de l’avionneur européen AIRBUS, incitant les compagnon·nes à reprendre le travail dès cette semaine, en invoquant des mesures de protection renforcées contre le coronavirus, ne doivent pas détourner les esprits de la réalité : s’ils veulent la reprise du travail c’est pour que reprennent au plus vite leurs profits ! Vos vies, votre santé et celle de ceux qui vous entourent, valent plus que leur course effrénée et irresponsable au toujours plus.

Quelles sont ces mesures annoncées ? L’arrivée, dès cette semaine, de 40 milles masques, une commande de 24 millions de masques pour les semaines à venir. Il y a donc des masques disponibles pour des industries qui ne sont pas de premières nécessités ? Alors que les personnels soignants en manquent cruellement ! Alors que les personnels soignants comptent déjà les premiers décès dans leur rang ! Alors que la population n’en dispose pas ! Exigeons que ces masques soient redistribués, que chacun puisse accéder à plus de sécurité !

Des médecins seront sur place pour contrôler l’état de santé des personnels qui prendront leur poste, ainsi que pour les équipes descendantes. Quel cynisme que de détourner des médecins au service du profit de quelques-uns ! D’où AIRBUS détournera-t-il des médecins en cette période où le moindre personnel médical est indispensable à l’ensemble de la population ? Si cette annonce est vraiment un objectif d’AIRBUS, c’est un scandale répugnant, si cette action est de fait irréalisable par manque de médecin disponible, c’est un mensonge irresponsable de plus pour berner les travailleur·euses.

AIRBUS annonce des équipes réduites à une dizaine de personnels par avion, avec un espacement de 3 heures entre deux équipes, afin de désinfecter l’ensemble de l’avion. Alors que les restaurants sur l’ensemble des sites sont fermés, que les dirigeants sont bien à l’abri loin des sites de production, derrière leurs vitres d’ AIRBUS ENTITY, les compagnon·nes doivent être sur poste et risquer leur santé dans le confinement d’une cellule d’avion, d’un caisson central, d’une voilure ! Alors que les personnels soignants s’infectent à l’hôpital, comment AIRBUS pourra-t-il assurer la sécurité des travailleur·euses ? En vérité ils ne pourront pas assurer cette sécurité, il y trop de promiscuité dans les avions, la distance de 1 mètre minimum ne peut être respectée pour de simples raisons topologiques.

La plupart des postes du Delivery Center sont actuellement fermés, les clients par manque de créneaux de vol, ou simplement parce que les compagnies aériennes font faillites ne viennent pas chercher leurs avions. Chez ATR, 3 avions déjà vendus vont être réattribués à d’autres clients, l’acheteur initial ayant, entre temps, fait faillite. Dans ces conditions évoquées, pourquoi les travailleur·euses devraient-ils continuer à produire des avions qui vont être stockés ?

Pour toutes ces raisons, nous appelons les compagnon·nes de toutes les FAL à refuser de reprendre le travail, par tous les moyens mis à leur disposition : arrêt de travail indemnisé (garde des enfants à la maison, personne à risque …), droit de retrait, grève. L’aéronautique n’étant pas un secteur d’activité essentiel en cette période de crise sanitaire.

Nous exigeons du gouvernement, la réquisition des masques de protection détenus par AIRBUS et leur redistribution auprès des unités soignantes, des travailleur·euses des autres secteurs vitaux , et des personnes enfermées en prison et dans les centres de rétention administrative, en attente de leur amnistie et libération d’urgence.

Pour eux, un seul objectif, le profit ! Pour nous, camarades, une seule volonté, l’union des travailleur·euses pour une plus grande justice sociale, dans un système de production autogéré et respectueux de l’environnement ! Nos intérêts ne sont pas les leurs ! Vive la lutte des classes !

Toulouse, le 24 mars 2020

L’Union Départementale des syndicats CNT de Haute-Garonne

* : Final Assembly Line

Version pdf : https://iaata.info/IMG/pdf/20_03_24_cp_cnt31_airbus.pdf

Crise sanitaire : 5 mesures d’urgence

Filed under: Texte d'analyse — nantescoronavirus @ 19:15

Source acta.zone

https://acta.zone/wp-content/uploads/2020/03/signal-2020-03-23-181845-1024x860.jpg

Face à la crise sanitaire majeure qui frappe le monde entier, nous ne pouvons nous contenter de dénoncer l’inaction du gouvernement, ou de respecter les – nécessaires – mesures de prévention. Alors que les ravages du néolibéralisme et de la destruction des services publics sont désormais des évidences aveuglantes, il s’agit aujourd’hui à la fois de mettre en accusation le système qui a rendu possible une telle situation, et de mettre en pratique de nouvelles formes d’organisation collective.

Du fait de cette crise, nous faisons face à des problématiques et des défis communs. À rebours des habituelles mobilisations sectorielles, ceci doit nous pousser à construire les conditions d’une offensive coordonnée, en France comme ailleurs.

Plusieurs l’ont dit avant nous : le confinement, et la simple possibilité de se protéger face au coronavirus tout en assurant sa survie quotidienne, ne sont pas les mêmes pour tout le monde. Si pour certains, ce confinement n’est tout simplement pas possible faute de domicile, pour d’autres – lorsqu’il a lieu dans des cellules déjà surpeuplées et coupées du monde extérieur – il ne fait que les exposer davantage.

Alors que certains ont pu aller se réfugier dans leur résidence secondaire, s’offrant quelques vacances anticipées et révélant ainsi que leur travail n’a finalement d’autre utilité sociale que de combler l’ennui dans lequel ils paniquent désormais de se retrouver, d’autres au contraire, après avoir été méprisés et matraqués durant des mois, sont désormais applaudis tous les soirs sous la bannière d’une nouvelle unité nationale. Enfin, certains sont testé·e·s dès la moindre fièvre, tandis que d’autres se voient désintubés car leur vie est jugée moins digne d’être sauvée. 

Ces situations sont diverses mais elles appellent une réponse commune. Nous ne saurions nous résigner à quémander quelques masques par-ci par-là, à nous satisfaire de l’ouverture de quelques gymnases municipaux, ou de la libération conditionnelle de quelques détenus par bonne conscience humanitaire. Parce que le renforcement sécuritaire et la reproduction désespérée de la normalité ne peuvent être des stratégies valables, nous proposons 5 mots d’ordre autour desquels organiser notre offensive, non pas contre le seul coronavirus, mais contre l’organisation sociale d’ensemble qui lui a permis de se propager en des termes si terrifiants.

1. Revenu de confinement pour toutes et tous

Avant le début de l’épidémie, beaucoup ne bénéficiaient pas d’un statut assez protecteur pour leur permettre de continuer à toucher au moins une partie de leur salaire malgré le confinement ou de bénéficier d’aides pour combler une perte de revenus : travailleurs de l’économie informelle, non déclarés, radiés de Pôle Emploi… Sans compter celles et ceux (surtout celles) qui ont arrêté un temps de travailler pour s’occuper d’un proche dépendant. Les mesures prises pour lutter contre l’épidémie, parce qu’elles s’inscrivent dans un contexte politique producteur d’inégalités, renforcent fortement ces dernières : aujourd’hui, celles et ceux pour qui la vie était déjà dure ne peuvent souvent compter que sur l’entraide populaire pour vivre. Un revenu de confinement doit permettre à chacun et chacune d’avoir de quoi vivre dignement et de prendre soin de soi et de ses proches sans risquer sa survie. Ce revenu de confinement doit aller de pair avec une suspension des loyers et des factures, afin que nous puissions mettre à profit toute notre énergie non plus dans la recherche d’argent mais dans l’entre-aide et la solidarité populaires.

2. Arrêt du travail

Malgré le désir non dissimulé que le pouvoir revienne de manière unilatérale aux employeurs, la loi sur l’état d’urgence sanitaire n’autorise le déplacement des congés qu’en cas d’accord de branche ou d’entreprise. Cette mesure continue cependant de subordonner la sécurité des travailleurs aux intérêts économiques de l’entreprise. L’arrêt du travail dans les secteurs non-essentiels est pourtant un impératif sanitaire, il n’a pas à faire l’objet de négociations au profit des entreprises.

Par ailleurs, cet arrêt du travail dans les secteurs « non-essentiels » doit aller de pair avec une véritable revalorisation des salaires et des conditions de travail de celles et ceux qui sont aujourd’hui en première ligne pour sauver des vies, notamment dans les secteurs de la santé et du soin, mais aussi dans celui de l’alimentation. La rhétorique de la gratitude et de l’héroïsme (décidément toujours là lorsqu’il s’agit de ne pas rémunérer le travail féminisé) ne suffira pas à combler le manque de moyens, d’effectifs, de repos, et les prises de risques inconsidérées qui découlent du saccage de l’hôpital public par des années de réformes néolibérales.

Cette revalorisation du travail de soin ne doit pas s’arrêter aux frontières du monde du travail et des services publics : le confinement doit être l’occasion, pour chacun et chacune d’entre nous, de réfléchir sur l’organisation et la division (notamment sexuelle et raciale) de ce travail dans nos espaces privés.

3. Réquisitions et redistribution

La précarisation de plus en plus massive – qui fait suite aux différentes réformes du droit du travail, du chômage, des aides sociales – en même temps que les conséquences dramatiques des guerres impérialistes qui ont poussé des centaines de milliers de personnes à chercher refuge en France ont rendu de plus en plus nombreux celles et ceux qui n’ont pas de logement ou vivent dans des conditions de logement indignes. Pour eux le confinement n’est pas une stratégie valable de prévention : comment se confiner lorsque l’on est à la rue, et que le peu qu’on a (parfois, au mieux, une tente et une couverture) est systématiquement détruit par les forces de police ? Comment empêcher le virus de circuler dans la promiscuité forcée d’un camp ou de dortoirs surpeuplés ?

De nombreux bâtiments sont vides, tandis que d’autres, comme les hôtels, se révèlent en effet “non essentiels” dans leur version marchande. Ces lieux pourraient pourtant offrir des conditions de vies bien plus dignes et bien plus adaptées à une situation de crise sanitaire. Ces lieux doivent être réquisitionnés et ouverts, dotés du nécessaire en termes d’hygiène, d’alimentation et d’accès à l’éducation et à la santé, afin d’accueillir les plus démunis. La solidarité populaire doit s’organiser autour de ces espaces, afin qu’y soient redistribués les produits de première nécessité et tous les biens et les services nécessaires.

Alors que le confinement peut aussi signifier – notamment pour un grand nombre de femmes – l’enfermement dans une situation de violences conjugales, les lieux d’accueil et d’hébergement pour les victimes de violences doivent également être multipliés.

La situation que nous vivons a révélé à celles et ceux qui refusaient de la voir la situation de crise permanente dans laquelle vit l’hôpital public : alors que les lits et le matériel manquent dans les hôpitaux, il est urgent de réquisitionner les cliniques privées afin d’augmenter le nombre de patients pouvant être pris en charge.

Les dispositifs privés de soin (cliniques) et d’hébergement (hôtels, logements vides) doivent être réquisitionnés. 

4. Libération de tous les enfermés

La surpopulation, les conditions d’hygiène particulièrement indignes et l’enfermement qui structurent les centres de rétention ainsi que les prisons en font des lieux de contamination particulièrement dangereux. Le confinement tel qu’il est vécu dans ces espaces expose les personnes enfermées à de graves risques sanitaires et transforme ces lieux en foyers de propagation. Rappelons qu’un détenu de Fresnes est déjà décédé la semaine dernière et que plusieurs mutineries ont éclaté face à l’irresponsabilité sanitaire. Les Centres de Rétention Administrative (CRA) ne respectent également pas les précautions d’urgence : repas et dortoirs collectifs, pas de masques ni de gel antibactérien… Il ne s’agit pas de distanciation sociale, mais bien d’un isolement criminel ! Il y a urgence à fermer ces lieux !

Enfin, autre lieu d’enfermement où les conditions de vie sont régulièrement et légitimement dénoncées : les hôpitaux psychiatriques, qui font souvent office de « prisons alternatives », où règnent aussi isolement et traitements dégradants.

Pour un arrêt de la pandémie, libérons les enfermés !

5. Régularisation de tous les sans-papiers

Dans cette période particulièrement difficile, être sans-papier bloque l’accès à une mise en sécurité sanitaire. Confrontées à des conditions de vie désastreuses (mal-logées ou sans-abris, pas ou peu d’accès aux soins), les personnes sans-papiers sont donc parmi les plus enclines à être touchées par le virus. Par ailleurs, en période de confinement, alors qu’il est interdit de sortir sans attestation, la peur d’être contrôlé pour ses papiers constitue une entrave supplémentaire aux déplacements nécessaires que peuvent être amenées à faire les personnes sans-papiers (y compris des déplacements en lien avec leur santé). Il est donc nécessaire qu’ils soient régularisés d’urgence. Des papiers pour tous, les mêmes droits pour tous !

2020/03/21

Des centaines de milliers de masques stockés aux portes de Nantes

Filed under: Nantes et sa région — nantescoronavirus @ 14:55

Source Nantes Révoltée

Dans cette plate-forme logistique de Sécurité France, à Grandchamp-des-Fontaines, au nord de Nantes, l’un des principaux spécialistes en équipements de protection individuelle (EPI), qui emploie habituellement près d’une centaine de salariés, certains d’entre eux s’interrogent. Dans l’entrepôt de 12 000 m2 dorment des masques, par centaines de milliers, assurent-ils.

« En février, toutes les commandes que nous avons reçues ont été bloquées »

«En début de semaine, il devait y en avoir pas loin de 500 000 », affirme un employé. Ce vendredi, le stock ne serait plus que de 300 000 environ, selon un autre salarié. Tous s’interrogent sur la non-distribution de ces masques. «C’est difficile à comprendre quand on entend et qu’on lit qu’il y a une pénurie de masques. C’est certainement vrai, mais pourquoi ne pas utiliser et distribuer ce stock ? », dit l’un d’eux. Mais la direction ne répond pas à leurs interrogations. « C’est d’autant plus bizarre, ajoute l’un de ses collègues, qu’en février toutes les commandes que nous avions reçues ont été bloquées. Habituellement, nous envoyons ces masques partout, dans les magasins spécialisés, les grandes surfaces… Puis, après avoir été bloquées, les commandes ont été purement annulées. »

Selon certaines sources, le stock serait en fait placé sous contrôle de la préfecture qui en contrôlerait la distribution. Sollicitée, cette dernière n’a pas répondu à nos demandes, pas plus que la direction de l’entreprise.

Sécurité France, une société brestoise filiale depuis 2014 du groupe britannique Bunzl, l’un des leaders mondiaux de la distribution des produits d’hygiène et de sécurité, emploie au total 360 collaborateurs. Elle compte vingt-cinq agences commerciales et quatre plateformes de stockage : à Brest (Finistère), où elle a son siège social, à Blanquefort (Gironde), à Metz (Moselle), et un à Grandchamp-des-Fontaines pour un total de 32 000 m2 de stockage.

Inauguré en 2013, le site de Grandchamp-des-Fontaines est un élément clé du dispositif de distribution du groupe. Chaque jour, des milliers d’équipements sont expédiés dans toute la France.

Épidémie de coronavirus : Témoignage d’une travailleuse de l’industrie aéronautique

Filed under: Témoignage — nantescoronavirus @ 14:50

Source Lutte ouvrière

Une ouvrière de l’aéronautique témoigne de la situation dans son entreprise.

2020/03/20

L’acharnement sur la population de Seine Saint Denis en temps d’épidemie

Filed under: Texte d'analyse — nantescoronavirus @ 22:00

Source Paris-luttes.info

Un article particulièrement servile du Parisien nous apprends que 10% des amendes en France ont été dressées en Seine Saint-Denis. Il semble évident qu’il s’agit d’un contrôle accru plutôt que d’une « indiscipline » des habitants confinés.

1 348 personnes ont été verbalisées depuis mardi en Seine-Saint-Denis pour non-respect du confinement. « Sur la première journée 10 % des PV dressés en France l’ont été en Seine-Saint-Denis », précise Fabienne Klein-Donati, procureure de la République de Bobigny.

10% des amendes en Seine Saint Denis alors même que la population de la Seine Saint Denis est de 1,15 % proportionnellement à la population française.
Pourquoi ce chiffre ?
Pour les flics c’est clair : c’est une conséquence du manque de savoir vivre et de la délinquance endémique :

« C’est comme si c’était les vacances. Il fait beau, on écoute de la musique, on boit de l’alcool », fulmine un policier.

[…]

D’autant plus que dans certains quartiers les regroupements de jeunes sont devenus « un nouveau jeu avec les forces de l’ordre », déplore-t-il.
[…]
C’est ce qui s’est passé à Aulnay-sous-Bois, lundi soir. Emmanuel Macron venait d’annoncer l’instauration du confinement total, dans le quartier des 3 000, une quinzaine de conteneurs à poubelles étaient incendiés, pompiers et policiers avaient été accueillis avec des projectiles. Une poussée de tension qui a surpris car la cité n’avait pas connu de tels débordements depuis plusieurs mois.

Et tant pis si le journaliste n’a même pas vérifié si cette tension était en lien avec l’épidémie actuelle ou alors une violence policière. À quoi bon quand on est journaliste de vérifier les informations ?

Il est clair qu’un département comme la Seine Saint-Denis est exposé. Tout d’abord, il y a un problème récurrent de logement dans le département, ce qui amène des personnes à occuper la rue. Il est évident que quand vous habitez à 6 dans un 2 pièces, la tentation de sortir est forte. Mais pour parer à ces problèmes, l’État a trouvé une autre solution :

À partir de ce samedi et jusqu’à nouvel ordre, les abords du canal de l’Ourcq et les parcs et squares seront interdits aux promeneurs « pour éviter que les gens ne circulent, précise la préfecture ». « Il y a encore trop de monde. »

Les gens vont donc rester enfermés chez eux dans des logements indignes à se partager leur miasmes. C’est n’importe quoi.

Mais surtout, la problématique est évidemment celle d’un sur-contrôle policier. Encore cette semaine, de nouveaux flics, notamment des CRS vont être envoyés dans les quartiers.

Mercredi est entrée en vigueur l’amende de 135 € pour endiguer la pandémie de Coronavirus. « À partir d’aujourd’hui (NDLR : ce jeudi) nous montons en puissance pour saturer le terrain », indique ce policier qui annonce « une grosse présence et un travail de fond ». Pour faire respecter ces mesures, des renforts en effectifs départementaux et des CRS ont été mobilisés pour appuyer les commissariats. Dans cette ville de Plaine Commune, une trentaine de PV avaient été dressés mercredi. Aujourd’hui, il y en avait déjà 70 à 15 heures. Les piétons, mais aussi les automobilistes n’y échappent pas.

Mais la voila l’explication. Plus de flics= plus de contrôles= plus d’amendes. C’est bien logique.

Il faut bien évidemment dire que les flics sont bien plus prompts à verbaliser des jeunes noirs ou arabes que Christian, retraité Niçois qui aime flanner sur la promenade des anglais.

Les fronts de mer hier étaient blindés. Il sufisait de voir toutes les images de nos coins touristiques.

Comme d’habitude, la Seine Saint-Denis et ses habitant immigrés subit une stigmatisation. Toutes les occasions sont bonnes.

Survivre au virus – une méthode anarchiste

Filed under: Organiser la solidarité,Texte d'analyse — nantescoronavirus @ 21:44

Source Mars-infos.org

La pandémie ne va pas passer dans les prochaines semaines. Même si des mesures de confinement strictes parviennent à ramener le nombre d’infections à ce qu’il était il y a un mois, le virus pourrait recommencer à se propager de manière exponentielle dès que les mesures seront suspendues. La situation actuelle devrait se poursuivre pendant des mois – couvre-feux soudains, quarantaines incohérentes, conditions de plus en plus désespérées – même si elle changera presque certainement de forme à un moment donné, lorsque les tensions en son sein se résorberont. Pour nous préparer à ce moment, protégeons-nous et protégeons-nous les un.es les autres contre la menace que représente le virus, réfléchissons aux questions de risque et de sécurité que pose la pandémie et affrontons les conséquences désastreuses d’un ordre social qui n’a jamais été conçu pour préserver notre bien-être en premier lieu.

Survivre au virus

Les formes d’organisation et de sécurité anarchistes de longue date ont beaucoup à offrir lorsqu’il s’agit de survivre à la pandémie et à la panique qu’elle provoque.

Former un groupe affinitaire

La perspective de la quarantaine nous en dit long sur la façon dont nous vivions déjà. Ceux qui vivent dans des familles très unies ou dans des maisons collectives joyeuses sont dans une bien meilleure situation que ceux qui vivent dans des mariages brisés et ceux qui ont de grandes maisons vides pour eux seuls. C’est un bon rappel de ce qui compte vraiment dans la vie. Malgré les modèles de sécurité représentés par le rêve bourgeois de la famille nucléaire et la politique étrangère des États-Unis qui en est le reflet, la solidarité et l’attention sont beaucoup plus importantes que le type de sécurité qui dépend de la clôture du monde entier.

La « distanciation sociale » ne doit pas être synonyme d’isolement total. Nous ne serons pas plus en sécurité si notre société est réduite à un groupe d’individus atomisés. Cela ne nous protégerait ni du virus, ni du stress de cette situation, ni des prises de pouvoir que les capitalistes et les autorités étatiques s’apprêtent à réaliser. Autant les personnes âgées sont menacées par le virus, par exemple, autant les personnes âgées sont déjà dangereusement isolées dans cette société ; les couper de tout contact avec les autres ne préservera pas leur santé physique ou mentale. Nous devons tous être intégrés dans des groupes soudés de manière à maximiser à la fois notre sécurité et notre capacité collective à profiter de la vie et à agir.

« Des communautés fortes rendent la police et les politicien.nes obsolètes »

Choisissez un groupe de personnes en qui vous avez confiance – idéalement des personnes avec lesquelles vous partagez votre vie quotidienne, qui ont toutes des facteurs de risque et des niveaux de tolérance au risque similaires. Pour survivre au virus, il s’agit de votre groupe d’affinité, la base de l’organisation anarchiste décentralisée. Vous n’avez pas nécessairement besoin de vivre avec eux dans le même bâtiment ; l’important est que vous puissiez réduire vos facteurs de risque à ceux que vous partagez tou.tes et avec lesquels vous vous sentez à l’aise. Si votre groupe est trop petit, vous serez isolé – et cela sera particulièrement problématique si vous tombez malade. Si votre groupe est trop grand, vous serez confronté.es à des risques inutiles d’infection.

Parlez entre vous jusqu’à ce que vous arriviez à un ensemble d’attentes communes quant à la manière dont vous allez vous engager face au risque de contagion. Cela peut aller de l’isolement physique total au fait de se souvenir d’utiliser un désinfectant pour les mains après avoir touché des surfaces. Au sein de votre groupe, tant que personne n’a le virus, vous pouvez toujours vous serrer dans vos bras, vous embrasser, préparer de la nourriture ensemble, toucher les mêmes surfaces – à condition de vous entendre sur le niveau de risque que vous êtes collectivement prêt.es à tolérer et de communiquer à ce sujet lorsqu’un nouveau facteur de risque apparaît.

C’est ce que les anarchistes appellent la culture de la sécurité – la pratique consistant à établir un ensemble d’attentes communes pour minimiser le risque. Lorsque nous sommes confronté.es à la répression policière et à la surveillance de l’État, nous nous protégeons en partageant les informations selon le principe du besoin de savoir. Lorsque nous avons affaire à un virus, nous nous protégeons en contrôlant les vecteurs par lesquels les contagions peuvent se propager.

Il n’est jamais possible d’éviter complètement le risque. Il s’agit de déterminer le degré de risque avec lequel vous êtes à l’aise et de vous comporter de telle sorte que si quelque chose tourne mal, vous n’aurez aucun regret, sachant que vous avez pris toutes les précautions que vous avez jugées nécessaires. En partageant votre vie avec un groupe d’affinité, vous bénéficiez des meilleurs éléments de prudence et de convivialité.

Former un réseau

Bien entendu, votre groupe d’affinité ne suffira pas à lui seul à répondre à tous vos besoins. Que faire si vous avez besoin de ressources auxquelles aucu.en d’entre vous ne peut accéder en toute sécurité ? Et si vous tombez tou.tes malades ? Vous devez être reli.eés à d’autres groupes d’affinité dans un réseau d’entraide, de sorte que si un groupe du réseau est débordé, les autres puissent lui venir en aide. En participant à un tel réseau, vous pouvez faire circuler les ressources et le soutien sans que tou.tes aient besoin de s’exposer au même niveau de risque. L’idée est que lorsque des personnes de différents groupes au sein du réseau interagissent, elles appliquent des mesures de sécurité beaucoup plus strictes, de manière à minimiser les risques supplémentaires.

L’expression « aide mutuelle » a été beaucoup utilisée ces derniers temps, même par les politiciens. Dans son sens propre, l’aide mutuelle ne décrit pas un programme qui fournit une assistance unidirectionnelle aux autres comme le fait une organisation caritative. Il s’agit plutôt de la pratique décentralisée de l’aide réciproque par laquelle les participant.es à un réseau s’assurent que chacun.e obtient ce dont il ou elle a besoin, de sorte que chacun.e ait des raisons de s’investir dans le bien-être des autres. Il ne s’agit pas d’un échange d’informations, mais plutôt d’un échange de soins et de ressources qui crée le type de redondance et de résilience qui peut soutenir une communauté dans les moments difficiles. Les réseaux d’entraide se développent mieux lorsqu’il est possible d’établir une confiance réciproque avec d’autres personnes sur une longue période. Il n’est pas nécessaire de connaître ou même d’aimer tou.tes les autres membres du réseau, mais chacun.e doit donner suffisamment au réseau pour qu’ensemble, vos efforts créent un sentiment d’abondance.

Le cadre de la réciprocité peut sembler se prêter à une stratification sociale, dans laquelle des personnes de classes sociales similaires ayant un accès similaire aux ressources gravitent les unes vers les autres afin d’obtenir le meilleur retour sur l’investissement de leurs propres ressources. Mais des groupes d’origines différentes peuvent avoir accès à un large éventail de ressources différentes. Dans ces conditions, la richesse financière peut s’avérer beaucoup moins précieuse que l’expérience en matière de plomberie, la capacité à parler un dialecte particulier ou les liens sociaux dans une communauté dont vous n’auriez jamais pensé dépendre. Chacun.e a de bonnes raisons d’étendre ses réseaux d’entraide aussi loin et aussi largement que possible.

L’idée fondamentale ici est que ce sont nos liens avec les autres qui nous protègent, et non pas notre protection contre eux ou notre pouvoir sur eux. Les survivalistes qui se sont concentré.es sur la constitution d’un stock privé de nourriture, de matériel et d’armes mettent en place les pièces d’une apocalypse de type « chacun pour soi ». Si vous mettez toute votre énergie dans des solutions individuelles, laissant chacun.e autour de vous se battre pour sa survie, votre seul espoir est de dépasser la concurrence. Et même si vous y parvenez – lorsqu’il n’y aura plus personne pour utiliser ces armes, vous serez le dernier, et cette arme sera le dernier outil à votre disposition.

Notre rapport au risque

L’apparition d’une nouvelle contagion potentiellement mortelle nous oblige tou.tes à réfléchir à notre rapport au risque. Qu’est-ce qui vaut la peine de risquer notre vie ?

À la réflexion, la plupart d’entre nous concluront que, toutes choses égales par ailleurs, risquer sa vie juste pour continuer à jouer son rôle dans le capitalisme ne vaut pas la peine. En revanche, cela vaut peut-être la peine de risquer nos vies pour nous protéger les un.es les autres, pour prendre soin les un.es des autres, pour défendre notre liberté et la possibilité de vivre dans une société égalitaire.

Tout comme l’isolement total n’est pas plus sûr pour les personnes âgées, essayer d’éviter totalement le risque ne nous protègera pas. Si nous restons strictement entre nous lorsque nos proches tombent malades, que nos voisins meurent et que l’État policier nous enlève tout vestige de notre autonomie, nous ne serons pas plus en sécurité. Il existe de nombreux types de risques différents. Le temps viendra probablement où nous devrons repenser les risques que nous sommes prêt.es à prendre pour vivre dans la dignité.

Cela nous amène à la question de savoir comment survivre à toutes les tragédies inutiles que les gouvernements et l’économie mondiale nous imposent dans le contexte de la pandémie, sans parler de toutes les tragédies inutiles qu’ils créaient déjà. Heureusement, les mêmes structures qui peuvent nous permettre de survivre ensemble au virus peuvent aussi nous donner les moyens de leur résister.

Survivre à la crise

Soyons clairs : le totalitarisme n’est plus une menace située dans le futur. Les mesures mises en œuvre dans le monde entier sont totalitaires dans tous les sens du terme. Nous voyons des décrets gouvernementaux unilatéraux imposant des interdictions totales de voyager, des couvre-feux 24 heures sur 24, une véritable loi martiale et d’autres mesures dictatoriales.

« Le nouveau visage de la tyrannie étatique »

Cela ne veut pas dire que nous ne devrions pas mettre en œuvre des mesures pour nous protéger mutuellement contre la propagation du virus. Il s’agit simplement de reconnaître que les mesures mises en œuvre par les différents gouvernements sont basées sur des moyens et une logique autoritaires. Pensez à la quantité de ressources qui sont versées à l’armée, à la police, aux banques et à la bourse plutôt qu’aux soins de santé publics et aux ressources destinées à aider les gens à survivre à cette crise. Il est toujours plus facile de se faire arrêter pour vagabondage que de se faire tester pour le virus.

Tout comme le virus nous montre la vérité sur la façon dont nous vivions déjà – sur nos relations et nos foyers – il nous montre aussi que nous vivions déjà dans une société autoritaire. L’arrivée de la pandémie ne fait que la rendre formelle. La France met 100 000 policiers dans les rues, soit 20 000 de plus que ce qui avait été déployé au plus fort des manifestations de gilets jaunes. Les réfugié.es ayant besoin d’asile sont refoulé.es le long des frontières entre les États-Unis et le Mexique et entre la Grèce et la Turquie. En Italie et en Espagne, des bandes de policiers attaquent les joggeur.ses dans les rues désertes.

jogger-beaten-by-cops-Sicily from CrimethInc. Workers’ Collective on Vimeo.

En Allemagne, la police de Hambourg a profité de la situation pour expulser une tente de réfugiés auto-organisée qui était debout depuis plusieurs années. Malgré la quarantaine, la police de Berlin menace toujours d’expulser un bar collectif anarchiste. Ailleurs, la police, vêtue de l’uniforme des stormtroopers pandémiques, a fait une descente dans un centre de réfugié.es.

Le pire, c’est que tout cela se produit avec le consentement tacite de la population. Les autorités peuvent faire pratiquement n’importe quoi au nom de la protection de notre santé – jusqu’à nous tuer.

Au fur et à mesure que la situation s’intensifie, nous verrons probablement la police et l’armée employer une force de plus en plus meurtrière. Dans de nombreuses régions du monde, ils sont les seuls à pouvoir se rassembler librement en grand nombre. Lorsque la police constitue le seul corps social capable de se rassembler en masse, il n’y a pas d’autre mot que « État policier » pour décrire la forme de société dans laquelle nous vivons.

Depuis des décennies, certains signes indiquent que les choses vont dans cette direction. Le capitalisme dépendait autrefois du maintien d’un nombre massif de travailleur.ses disponibles pour effectuer le travail industriel – par conséquent, il n’était pas possible de traiter la vie aussi bon marché qu’elle ne l’est aujourd’hui. À mesure que la mondialisation et l’automatisation capitalistes ont réduit la dépendance vis-à-vis des travailleur.ses, la main-d’œuvre mondiale s’est progressivement déplacée vers le secteur des services, effectuant un travail qui n’est pas essentiel au fonctionnement de l’économie et donc moins sûr, et moins bien rémunéré, tandis que les gouvernements sont devenus de plus en plus dépendants de la violence policière militarisée pour contrôler les troubles et la colère.

Si la pandémie se poursuit suffisamment longtemps, nous ne verrons probablement plus d’automobilistes – les voitures à conduite autonome représentent moins de menace d’infection pour la bourgeoisie que les conducteurs Uber – et les travailleur.ses déplacé.es seront réparti.es entre les industries de répression (police, armée, sécurité privée, entrepreneurs militaires privés) et les travailleur.ses précaires qui sont obligé.es de prendre de grands risques pour gagner quelques sous. Nous accélérons vers un avenir où une classe privilégiée connectée numériquement effectue un travail virtuel en isolement tandis qu’un État policier massif les protège d’une sous-classe sacrifiable qui prend la plupart des risques.

Le milliardaire Jeff Bezos a déjà créé 100 000 emplois sur Amazon, prévoyant que son entreprise entraînera la fermeture de tous les magasins locaux. De même, Bezos ne donnera pas de congés payés à ses employé.es de Whole Foods malgré le risque constant auquel ils et elles sont confronté.es dans le secteur des services – bien qu’il leur donne une augmentation de 2 dollars jusqu’en avril. En bref, il considère toujours que leur vie ne vaut rien, mais il admet que leur mort devrait être mieux payée.

Dans ce contexte, la révolte est inévitable. Il est probable que nous assisterons à des réformes sociales visant à calmer la population – au moins temporaires pour atténuer l’impact de la pandémie – mais qu’elles arriveront en même temps que la violence toujours croissante d’un État dont personne ne peut s’imaginer se passer, dans la mesure où il est compris comme le protecteur de notre santé.

En fait, l’État lui-même est la chose la plus dangereuse pour nous, car il applique la distribution radicalement inégale des ressources qui nous oblige à faire face à une répartition déséquilibrée des risques. Si nous voulons survivre, nous ne pouvons pas nous contenter d’exiger des politiques plus équitables – nous devons également délégitimer et saper le pouvoir de l’État.

Stratégies de résistance

Dans cette optique, nous conclurons par quelques stratégies de résistance qui sont déjà en train de se mettre en place.

Grève des loyers

À San Francisco, le collectif de logement Station 40 a ouvert la voie en déclarant unilatéralement une grève des loyers en réponse à la crise :

« « L’urgence du moment exige une action décisive et collective. Nous agissons ainsi pour nous protéger et prendre soin de nous-mêmes et de notre communauté. Aujourd’hui plus que jamais, nous refusons l’endettement et nous refusons d’être exploité.es. Nous n’assumerons pas ce fardeau pour les capitalistes. Il y a cinq ans, nous avons vaincu la tentative de notre propriétaire de nous expulser. Nous avons gagné grâce à la solidarité de nos voisin.es et de nos ami.es dans le monde entier. Nous faisons une fois de plus appel à ce réseau. Notre collectif se sent prêt pour le confinement qui commence à minuit dans toute la baie. L’acte de solidarité le plus significatif pour nous en ce moment est que tout le monde fasse la grève ensemble. Nous assurerons vos arrières, comme nous savons que vous assurerez les nôtres. Reposez-vous, priez, prenez soin les un.es des autres. » »

« Station 40 en grève des loyers ! »

Pour des millions de personnes qui ne pourront pas payer leurs factures, c’est une nécessité. D’innombrables millions de personnes qui peinent à vivre d’un salaire à l’autre ont déjà perdu leur emploi et leur revenu et n’ont aucun moyen de payer le loyer d’avril. La meilleure façon de les soutenir est que nous fassions tou.tes grève, ce qui rend impossible pour les autorités de prendre pour cible tou.tes celles et ceux qui ne paient pas. Les banques et les propriétaires ne devraient pas pouvoir continuer à faire des bénéfices sur les loyers et les hypothèques alors qu’il n’y a aucun moyen de gagner de l’argent. C’est une question de bon sens.

Cette idée a déjà circulé sous de nombreuses formes différentes. À Melbourne, en Australie, la branche locale de l’Industrial Workers of the World fait la promotion de la grève des loyers. Le Rose Caucus demande aux gens de suspendre les paiements de loyer, d’hypothèque et de services publics pendant l’épidémie. Dans l’État de Washington, Seattle Rent Strike demande la même chose. Les locataires de Chicago menacent également de faire grève des loyers. D’autres ont fait circuler des documents appelant à une grève des loyers et des hypothèques.

Pour qu’une grève des loyers soit couronnée de succès à l’échelle nationale, au moins une de ces initiatives devra prendre suffisamment d’ampleur pour qu’un grand nombre de personnes soient certaines de ne pas être laissées pour compte si elles s’engagent à participer. Cependant, plutôt que d’attendre qu’une seule organisation de masse coordonne une grève massive depuis le haut, il est préférable que ces efforts commencent au niveau de la base. Les organisations centralisées font souvent des compromis au début d’un processus de lutte, sapant ainsi les efforts autonomes qui donnent du pouvoir à ces mouvements. La meilleure chose que nous puissions faire pour sortir plus fort.es de cette expérience serait de construire des réseaux qui puissent se défendre indépendamment des décisions prises d’en haut.

Grèves du travail et des transports en commun

Des centaines de travailleur.ses des chantiers navals de l’Atlantique à Saint-Nazaire ont fait grève hier. En Finlande, les chauffeur.ses de bus ont refusé d’accepter les paiements des usager.es afin d’accroître leur sécurité contre la contagion et de protester contre les risques auxquels ils et elles sont exposés, montrant par là même que les transports en commun pourraient être gratuits.

S’il y a jamais eu un bon moment pour que la classe ouvrière en difficulté et précaire montre sa force par des grèves et des arrêts de travail, c’est bien celui-là. Pour une fois, une grande partie de la population sera sympathisante, car l’interruption des activités peut également diminuer le risque de propagation du virus. Plutôt que de chercher à améliorer la situation individuelle de certain.es employé.es par des augmentations de salaire, nous pensons que le plus important est de construire des réseaux qui peuvent interrompre le cours normal des affaires, perturber le système dans son ensemble et orienter vers l’introduction révolutionnaire de modes de vie et de relations alternatifs. À ce stade, il est plus facile d’imaginer l’abolition du capitalisme que d’imaginer que, même dans ces circonstances, il pourrait être réformé pour répondre à tous nos besoins de manière juste et équitable.

Les révoltes en prison

Les révoltes dans les prisons brésiliennes et italiennes ont déjà entraîné plusieurs évasions, y compris des évasions massives. Le courage de ces prisonniers devrait nous rappeler toutes les populations ciblées qui sont tenues à l’écart du public et qui souffriront le plus lors de catastrophes comme celle-ci.

Il peut aussi nous inspirer : plutôt que d’obéir aux ordres et de rester caché.es alors que le monde entier se transforme en une matrice de cellules de prison, nous pouvons agir collectivement pour nous évader.

PS :

Article repris et traduit de CrimethInc

« Ici on meurt comme des mouches » : Témoignage depuis Bergame

Filed under: Témoignage,Texte d'analyse — nantescoronavirus @ 21:17

Source : Mars.infos.org

Un témoignage d’une habitante de Bergame, en Lombardie, désormais considérée comme épicentre du coronavirus dans le monde, et alors que le pic de contamination semble s’éloigner dans le temps [1]. S’il est proposé ici, c’est que l’on sait que ce qu’il se passe en Italie a un décalage d’une grosse semaine avec ce qu’il se passe en France, pour des mesures semblables et des retards conséquents dans les prises de conscience et de décision. Avoir donc un regard depuis l’intérieur peut peut-être aider à réaliser le caractère sérieux de la situation.

Depuis le ventre de la bête – Considérations énervées sur la gestion du Coronavirus

Je suis de Bergame et je suis malade, probablement du Coronavirus.

Je lis encore des posts dans lesquels sont cités des experts qui cherchent à tranquilliser tout le monde : « 80% de la population sera touchée par le Coronavirus, mais ne nous inquiétons pas trop : pour la grande majorité, ce sera seulement une grippe. La mortalité est basse et concerne principalement les personnes âgées ou présentant des pathologies antérieures ».

Ce 14 mars. Encore ces conneries.

Je ne suis ni scientifique ni statisticienne mais je bous de colère : je suis terrorisée à l’idée qu’en-dehors d’ici, les gens ne comprennent pas ce qu’il se passe. Ici on meurt comme des mouches. C’est assez clair ?

Des dizaines de morts par jour. Des dizaines et des dizaines. Le cimetière de la ville n’arrive pas à gérer tous les corps [2]. Les clochers des villages ne font plus sonner les cloches pour les morts, parce qu’ils devraient le faire sans interruption. Les médecins sont épuisés ou contaminés, et commencent à mourir eux aussi.

Nous sommes tous malades, ou presque. Les trois quarts de mes connaissances sont malades : amis, famille, collègues, et même les médecins traitants des familles.
Nous avons des fièvres très longues et résistantes, très éprouvantes, de fortes douleurs dans certaines parties du corps, des troubles respiratoires, de la toux et des rhumes persistants. Heureusement, pas tout le monde.

Mais cela veut dire qu’on ne peut pas parler de « banale grippe ». Grippe banale mon cul.

Trois semaines de fièvre, fatigue hallucinante, mal à la tête, souffle court, résistance à n’importe quel médicament, le spectre de la thérapie intensive toujours à planer au-dessus de nos têtes comme un corbeau maléfique et, bien sûr, isolement et solitude : ce n’est pas une banale grippe. Et je me sens personnellement très chanceuse.

Les journées se passent en grande partie au téléphone, avec des bulletins médicaux en continu : comment ça va, aujourd’hui un peu mieux, demain un peu pire, comment va papa, tatie, l’ami, l’amie, et toi qu’est-ce que tu as, moi j’ai ça, ah oui plein de gens m’ont dit ça alors tu l’as probablement chopé, ouais je crois bien que je l’ai.

Ici, on est dans l’auto-médication, tout seuls. Quand on a un peu de chance on parvient à avoir quelques indications au téléphone, parce que même nos médecins traitants n’arrivent plus à nous suivre tous.

Les sirènes ne s’arrêtent jamais derrière nos fenêtres, de jour comme de nuit, et même si tu appelles le 112 [NdT : le 15 en France], ils ne peuvent pas te répondre avant un temps indéterminé. Et ils ne t’emmènent à l’hôpital que si tu es déjà dans des conditions graves.

Parce qu’il n’y a pas de place. Parce qu’ils n’arrivent pas à nous soigner. Les tests sont réservés à ceux qui arrivent aux urgences (et aux secrétaires de parti et footballeurs), les autres doivent déduire, imaginer et, dans le doute, s’isoler en quarantaine, ce qui fait que même ceux qui n’ont qu’une « grippe banale » doivent renoncer à la possibilité d’aider ceux qui en ont besoin, leurs parents âgés par exemple.

Effectivement le taux de mortalité de ce virus est faible, oui. Si nous sommes tous malades et qu’il ne meurt « que » des dizaines de personnes par jour, oui, le taux de mortalité est faible. Mais nous sommes tous malades et l’on meurt sans arrêt, continuellement, et en grand nombre.
C’est une tragédie. Grippe banale mon cul.

Effectivement ce sont surtout des personnes qui ne sont pas jeunes qui meurent, et qui avaient d’autres pathologies déjà présentes.
Et alors ?

Les gens qui ont 60-70 ans, qui auraient pu vivre de nombreuses autres années, qu’est-ce que c’est ? Des marchandises périmées dont on n’a plus rien à foutre ? Pas des êtres humains qui laissent des proches et des amours, dans la douleur ?

Bordel de merde, comment est-ce qu’on mesure la vie, là ?
Et c’est moi qui dit ça, alors que je suis irrémédiablement athée, convaincue que la vie n’est pas sacrée et qu’il n’y a de vie que si elle est digne. Mais toutes les vies sont faites d’amour et de liens autour de soi, et de douleur profonde une fois qu’elle manque.

L’Italie est un pays de vieux. Et n’essayez pas de vous foutre de notre gueule : vous ne pouvez pas commencer à nous raconter que nos vieux sont des pièces périmées desquelles on peut se défaire avec légèreté.

NON.

Chacun d’entre nous, ici, connaît quelqu’un qui est entre la vie et la mort en thérapie intensive, nombre d’entre nous ont déjà perdu des membres de leur famille ou sont pendus au téléphone en attente de nouvelles.
Presque 1500 morts en deux semaines [NdT : 2978 quatre jours après l’écriture du texte] et on est là à se dire « tout ira bien », « restons tranquilles » ?
Non, ne restons pas tranquilles.
RESTONS CHEZ NOUS.

Parce qu’ils ne nous ont pas offert d’autres solutions pour gérer ce désastre en cours. Parce que si ailleurs en Italie, les choses se durcissent comme c’est le cas à Bergame, grâce à deux semaines de perdues sans prendre de décision, en décidant un jour qu’on ferme tout et le lendemain « sortez et allez manger une bonne pizza, on n’arrête pas la ville », ce sera une hécatombe bien pire qu’elle ne l’est déjà.

Parce qu’en deux semaines de temps perdu, par incapacité, irresponsabilité, manque de préparation et probablement parce que d’énormes intérêts économiques sont en jeu, NOUS SOMMES TOUS TOMBES MALADES.

A tout le monde : ce qu’il se passe n’est pas une blague : c’est précisément parce que ce n’est pas une grippe banale et précisément parce que des milliers de personnes vont mourir que nous nous préoccupons.
Arrêtez avec ces messages de dissociation, qui tranquillisent en minorant ce qu’il se passe : Stop.

Il faut savoir ce qu’il se passe, vraiment, savoir ce que l’on risque, vraiment, pour pouvoir agir de façon responsable et PRESERVER DES VIES ET BEAUCOUP DE DOULEUR.

Tout en continuant à nous demander s’il n’y avait pas une autre façon de gérer ce désastre, parce qu’il y en avait peut-être une, ou qu’il y en aura une, mais comment faire pour le savoir ? Préoccupons-nous et faisons ça sérieusement : parce que ce n’est que comme ça, en y étant très sensibles, que nous avons la possibilité de faire quelque chose de sensé pour nous et pour les autres : éviter le plus de morts possibles.
Arrêtons de nous voiler la face et disons les choses telles qu’elles sont : inquiétez-vous et restez à la maison.

Et chez vous, lisez, écoutez et posez-vous des questions, en plus de prendre soin de vous et de ceux qui vous sont proches, parce que maintenant l’objectif est de survivre, mais quand ce désastre sera « terminé », et que nous devrons nous relever, nous aurons besoin d’être lucides, très lucides.
Nous devrons comprendre pourquoi nous en sommes arrivés là, et comment. Penser aux hôpitaux, aux écoles, à nos vieux et à nos jeunes, à notre travail. Nous devrons nous rendre compte qu’il n’est pas possible de démanteler un système sanitaire morceau par morceau pour ensuite mourir par grappes avec des médecins et infirmières qui se tuent à la tâche en risquant leur vie pour tenter de maintenir la nôtre sur pieds.

Que l’on ne peut pas réduire à la misère des milliers « d’auto-entrepreneurs » qui ne vivent que suspendus au bout de leur labeur et qui, lorsque tout se bloque logiquement par peur de la mort, se retrouvent face à un désert d’activité qui durera des mois, peut-être même des années.

Nous devrons comprendre si cette tragédie nous a aidé à nous améliorer ou nous a enfoncé encore plus au fond du gouffre que nous ne l’étions déjà : un peuple complètement déphasé, qui voit le même jour d’un côté une armée de personnes sous-payées en blouse blanche qui s’épuise au travail et risque la contamination et de l’autre, A QUELQUES METRES OU UN PETIT KILOMETRE DE DISTANCE, des bancs de jem’enfoutistes qui se compriment dans les queues pour monter sur les télésièges, pour se balader dans le centre historique ou pour essayer des vêtements dans les centres commerciaux (laissés ouverts, ultra ouverts, alors que les écoles et événements culturels étaient déjà tous fermés et annulés depuis bien longtemps).

S’il y a des jem’enfoutistes, c’est un problème qui nous appartient à tous. Si les hôpitaux n’ont plus de lits, c’est un problème qui nous appartient à tous. Si des centaines de personnes meurent et que ça nous semble presque normal parce que « ce sont des vieux ou des gens qui ont d’autres pathologies », c’est un problème qui nous appartient à tous, et c’est un gros problème.

Les choses ne vont pas bien du tout et « tout n’ira pas bien ».
Ce n’est que si nous nous en rendons comptes, mais vraiment, que nous pourrons limiter les dégâts et que nous pourrons en faire quelque chose de différent lorsque l’on en sortira.
Parce qu’on en sortira, et qu’il ne faudra faire aucune concession à ce moment-là.

Notes :

[1« La région Lombardie épicentre du monde » sur le Manifesto (en italien).

[2« Ici, on meurt comme des mouches » sur le site du Manifesto (en italien).

PS :

Traduit du FB de Sara Agostinelli.

Confinement, 6e jour.

Filed under: Témoignage — nantescoronavirus @ 20:32

Ce texte est en cours de rédaction, je vais sans doute le modifier encore un peu.

J’ai commencé à me confiner samedi soir. Au moment où le gouvernement a recommandé à tout le monde de rester chez soi. Je suis anarchiste, j’ai pas beaucoup de respect pour l’État. Mais vu la situation, la mesure de confinement m’a paru une bonne chose pour limiter l’épidémie.

Je n’ai pas spécialement peur de l’épidémie, mais j’ai envie d’essayer de chercher l’intelligence collective. Je suis resté confiné, chez moi, avec un ami que j’héberge parce qu’il n’a pas de logement en ce moment. Le raisonnement que je me suis fait, c’est que le délai d’incubation est en moyenne de 6 jours, 15 jours au max. Si on suit un confinement strict pendant une ou deux semaines, on peut voir si on a des symptômes ou pas, et si on n’en a pas on peut sortir avec un risque très limité de contaminer d’autres personnes.

Quand j’ai entendu Macron, j’ai cru que c’était ça l’idée. Que seul.e.s les gens qui bossent à l’hôpital ou sont indispensable à ce qu’on puisse bouffer puissent aller travailler.

Lundi, le copain qui vit avec moi est parti dans le Morbihan pour chercher un appart, puis il est passé embrasser ses parents.

Moi j’ai voulu aller acheter du pain. La boulangerie était fermé, j’ai été jusqu’à la supérette à trente mètres de chez moi, mais quand j’ai vu qu’il y avait plein de monde à l’intérieur, j’ai fait demi-tour et je suis rentré sans pain. A quoi sa sert que je reste confiner 95% du temps, et que le reste du temps, j’aille dans des endroits avec pleins de gens ? Finalement, j’avais pas tant besoin de pain que ça.

Mon ami est rentré du Morbihan et nous avons eu une discussion sur les règles sanitaires que nous voulions mettre en place. Si on habite ensemble, il faut qu’on se mette d’accord sur les règles parce que si on fait pas les mêmes, ça ne sert à rien. Moi je voulais essayer de limiter complètement les contacts avec des personnes de l’extérieur mais ne pas prendre de précautions particulières entre nous. Lui proposait de quand même prendre des précautions pour ne pas se contaminer l’un l’autre. Par exemple, dormir dans des espaces séparés, et garder une écharpe devant la bouche. Je trouve ça assez contraignant, mais on décide de faire ça.

J’ai l’habitude de passer beaucoup de temps chez moi, mais quand on peut pas sortir, ça fait pas le même effet. J’ai vraiment l’impression de tourner en ronds. J’ai l’habitude de passer voir ma voisine presque tous les jours. Depuis le confinement, je ne le fais plus.

Mercredi soir, après quatre jours de confinement, j’ai fait ma première sortie. La deuxième si on compte la sortie pain avorté (5 min). Il était tard et il n’y avait pratiquement personne dans les rues. J’ai pas fait d’attestation. Je suis prêts à faire des efforts pour gérer la crise sanitaire, mais pas pour les délires totalitaires de l’Etat. Et puis je comprends pas qu’est ce que ça fait comme risque de marcher seul dans des rues désertes. En revanche, se faire contrôler par des flics qui ne portent pas de masques, je trouve ça dangereux et irresponsables. Si je vois des flics, je les laisserai pas s’approcher à moins de trois mètres.

J’ai croisé d’autres passant.e.s. On faisait attention de pas s’approcher à moins de 3 mètres. Après quatre jours enfermé, j’avais trop soif de contact humain, j’ai eu quelques discutions chouettes à trois mètres de distance. Je suis resté plusieurs heures dehors. Quand je dis que j’ai croisé d’autres personnes, c’étaient les trois seules personnes à se promener la nuit. C’était vraiment désert. Quel mal y-a t’il à ça ? Et si je cause avec des inconnu.e.s, pourquoi je donnerais pas rdv à des potes pour discuter un peu avec ?

Peut-être que dans certaines villes, il y a trop de gens dans la rue et que les gens sont trop serrés. Dans ce cas là, ok, il faut sans doute restreindre ses déplacements, mais quand il n’y a personne ? Le risque de contamination viens principalement de flics qui pourraient venir me contrôler.

Là où j’ai eu l’impression d’être vraiment une bonne poire, c’est quand j’ai appris que beaucoup d’entreprises continuent à tourner. Sur le site de la préfecture de Loire-Atlantique, c’est écrit les chantiers et les travaux publiques doivent continuer. Des entreprises de vêtements ou de produits chimiques continuent de tourner avec parfois des milliers de personnes qui bossent dans les mêmes ateliers. A Nantes, une amie m’a dit avoir vu les contrôleurs de la Tan dans le tram. Airbus annonce la reprise du travail lundi 23, après avoir mis en place des mesures sanitaires.

Ou est la logique ? Pourquoi je peux pas aller mater une série tv chez ma voisine alors que des très grosses entreprises continuent à tourner ? Je suis pas capable de mettre en place des mesures sanitaires ? Qu’est ce que je fais depuis dimanche ? On ne peut pas d’un coté nous demander d’être responsable et de l’autre nous infantiliser.

Ça fait trois mois que l’épidémie a commencé. Trois mois que des « experts » craignent la pandémie mondiale. Pourquoi le trafic aérien n’a pas été arrêté ? On a laissé les riches faire du tourisme et des voyages d’affaires pendant trois mois. Aujourd’hui, le virus est partout. Et l’Europe ferme ses frontières. C’est trop tard ! Ca sert plus à rien maintenant. Si l’Etat n’était pas aussi respectueux des bourgeois.e.s qui veulent parcourir le monde, on serait pas tou.te.s obligé.e.s de rester enfermer chez soi. Et maintenant, on est bien obligé de le faire. Mais si une grosse partie de la population continue à travailler, ça sert à rien, et je pourrais tout aussi bien aller boire un coup chez ma voisine.

2020/03/18

Info traflic

Filed under: Info traflic — nantescoronavirus @ 11:59

Cette page, c’est pour observer les mesures policières/militaires mises en place pendant l’état d’urgence coronavirus. Où y a t’il des controles ? Comment se comportent les flics ?

Quelles sont les mesures de répression mises en oeuvre ?

Communiqué : autodéfense de classe face à l’État, le patronat et le coronavirus !

Filed under: Nantes et sa région — nantescoronavirus @ 11:52

par cnt

Macron nous appelle à « l’union sacrée nationale ». Si le Convid-19 à déjà tué des milliers de personne, l’indécence, elle, ne tue pas. L’indécence d’un gouvernement qui a participé comme ses prédécesseurs à la casse de l’hôpital public, aujourd’hui en première ligne face à la crise sanitaire. L’indécence d’un gouvernement qui est resté inflexible face à la grève des travailleur·euses de la santé, en détresse et en sous-effectif. L’indécence d’un gouvernement qui a durci en novembre dernier les conditions d’ouvertures de droit à l’indemnité chômage, alors qu’une foule de travailleur·euses précaires (CDD, intermittents…) vont se retrouver au chômage du fait de la crise.

Aucune « union sacrée » n’est possible avec les profiteurs d’un système, le capitalisme, qui tue des millions d’entre nous dans le monde, tous les ans (accident de travail, maladie professionnelle, manque de soin, pollution de l’air, sous-nutrition, non-accès à l’eau potable, guerre impérialiste …). Aucune « union sacrée » n’est possible avec une bourgeoisie qui ne nous considère que comme des moyens de produire du profit, une bourgeoisie qui piétine, sans état d’âmes, nos vies et nos santés jours après jours.

Le gouvernement demande au mouvement ouvrier d’être responsable en « suspendant » la mobilisation sociale. L’Union Départementale des syndicats CNT de Haute-Garonne demande au gouvernement de suspendre de toutes ses contre-réformes (assurance chômage, baisse des APL, retraites …). Pour l’instant, un simple « report » de l’application du deuxième volet de l’assurance chômage a été décidé1. C’est plus qu’insuffisant.

Surtout qu’une énième crise capitaliste se dessine. Les capitalistes commencent déjà à pleurer, à se poser en pauvres victimes. L’État va les secourir et nous demander, comme après la crise de 2008, de payer les pots cassés. Face à l’État, au patronat et au coronavirus, l’UD CNT 31 appelle donc à l’auto-organisation et à la vigilance de classe : au diable leur profit ! Ne comptons que sur nos propres forces pour nous protéger et nous faire respecter : riposte collective, grève, arrêt de travail, droit de retrait … En Italie, face à un gouvernement qui s’est plié aux demandes du patronat de laisser ouverts les usines, les supermarchés, les centres d’appels, les banques, de laisser circuler les trains et les bus : les travailleur·euses se sont mis en grève reconductibles dans des dizaines d’entreprises pour se protéger2. Par ailleurs, la crise actuelle nous rappelle plus que jamais l’importance de notre sécurité sociale (assurance maladie, assurance chômage, retraites…) : défendons là ! Et attention à de potentielles instrumentalisations autoritaires et racistes de la crise par le gouvernement. RESTONS SOLIDAIRES, ALERTES ET EN LUTTE !

L’Union Départementale des syndicats CNT de Haute-Garonne revendique3 :

1. Le retrait de toutes les contre-réformes du gouvernement au nom de l’urgence sociale.

2. Le maintien des salaires ou des indemnités chômage pour tous les travailleurs et toutes les travailleuses.

3. Le respect des mesures de sécurité sur tous les lieux de travail. Si des collègues sont positifs au covid, fermeture immédiate des entreprises et maintien des salaires complets.

4. Le recrutement massif de nouveaux médecins, infirmier.e.s et aides soignant.e.s. dans nos hôpitaux publics.

5. L’amnistie ou mesures alternatives à la détention pour tous les prisonniers, il est impossible de garantir la santé dans les prisons et les centres de rétention administrative.

6. La distribution gratuite, quartier par quartier, de masques, de désinfectants et d’informations sur la prévention.

7. La suspension du paiement des loyers et des crédits, et du paiement de toutes les factures domestiques.

8. L’entière clarté sur les mesures de sécurité et les formes de contagion.

9. Le nettoyage de l’information : augmentons l’information scientifique. Assez des incompétents et des spéculateurs qui créent la panique et l’alarmisme ou sous-estiment l’épidémie

10. Que les aides de tous types ne soient pas réservées aux entreprises : création immédiate d’aides sociales pour soutenir les travailleuses et les travailleurs. Mise en place d’un revenu inconditionnel pour toutes et tous, avec ou sans papiers.

L’Union Départementale des Syndicats CNT de Haute-Garonne.
1. https://www.sudouest.fr/2020/03/16/coronavirus-la-reforme-de-l-assurance-chomage-est-reportee-a-septembre-7332056-5458.php
2. http://www.laboursolidarity.org/Italie-faire-greve-pour-ne-pas
3. Inspiré des revendications élaborées par des camarades de Bagnoli (banlieue de Naples) : https://acta.zone/italie-restonsalamaison-mais-ne-restons-pas-silencieux/

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